Pour répondre à la question, il y a deux facteurs principaux :
Déjà, la plupart des fans ont soit vu les films seulement, soit vu les films avant de lire les livres. C'est pas du tout un mal, mais il y a suffisamment de différences pour influencer le point de vue du spectateur ou du lecteur par rapport à l'œuvre d'origine ou à l'adaptation : le destin de Harry est donné dans un moment de révélation intense, quand toute la lumière sur Severus Rogue se fait. À ce moment-là, on assimile ces révélations qui éclairent toute l'histoire sans oser la remettre en question. Quand vient alors le destin de Harry, il est envisagé sous l'appréciation de Severus Rogue, qui n'a eu pour information de la part de Dumbledore que le fait que Harry devrait mourir (sans ses déductions sur ce qu'il se passerait ensuite) et exprime toute sa colère. Naturellement, on ne peut que suivre Rogue dans son émotion. C'est ensuite que le film pose problème : la scène dans les limbes est expéditive, Dumbledore ne semble pas très concerné – et Harry non plus, d'ailleurs – et leurs quelques lignes de dialogue ne suffisent pas à contrebalancer le « récit du Prince ». Le livre prend davantage ce temps, et c'est en apprenant les intentions de Dumbledore que Harry – et donc le lecteur – accepte de lui pardonner. Mais si tu n'as vu que le film, ou que tu l'as vu bien avant de lire les livres, le risque que ta perception soit conditionnée est très fort : difficile, donc, de pardonner à Dumbledore quand tu gardes en tête la version du film.
D'autre part, pendant sept livres (ou huit films), tout est raconté en mettant le lecteur/spectateur derrière Harry : c'est avant tout avec lui que se crée l'empathie, on est donc d'autant plus chamboulé quand on apprend que sa mort était prévue. Comme tu le dis, la mort d'un homme pour en sauver des milliers vaut bien cette peine, mais notre empathie met à mal cette pensée, c'est difficile de l'accepter, voire seulement de l'envisager ! On n'est donc davantage enclin à en vouloir à Dumbledore, c'est bien normal, on fonctionne comme ça, par nature.
Après, chacun interprète ce qu'il lit à sa manière. Pour ma part, je me range du côté de Harry : si lui, que Dumbledore a destiné au trépas, lui a pardonné, qui suis-je pour le condamner ?